Les litiges bancaires

Astreinte : définition et liquidation

L'astreinte, définition et liquidation, de cette mesure qui constitue un outil juridique précieux que je mobilise fréquemment dans ma pratique.

En tant qu'avocat spécialisé en droit bancaire et en procédures civiles d'exécution, je suis régulièrement confronté à des situations où mes clients peinent à obtenir l'exécution effective d'une décision de justice.

Qu'est-ce qu'une astreinte ?

Définition et nature juridique

L'astreinte est une condamnation pécuniaire que le juge peut prononcer à l'encontre d'un débiteur récalcitrant pour assurer l'exécution d'une obligation.

Concrètement, il s'agit d'une somme d'argent fixée par jour de retard dans l'exécution d'une décision ou d'un jugement.

La particularité de l'astreinte réside dans son caractère indépendante de la créance principale. Elle constitue une contrainte psychologique destinée à vaincre la résistance du débiteur. Cette nature juridique spécifique est consacrée par l'article L. 131-4 du code des procédures civiles d'exécution.

Dans ma pratique quotidienne au cabinet, je constate que l'astreinte provient d'une nécessité pragmatique : sans cette menace financière, certaines décisions de justice resteraient lettre morte. Le montant de l'astreinte n'est pas destiné à enrichir le créancier, mais à créer une pression suffisante pour obtenir l'exécution.

L'astreinte comme garantie d'exécution

L'astreinte constitue véritablement un outil au service de l'efficacité de la justice. Lorsqu'un juge rend une décision, il doit pouvoir assurer son exécution. C'est précisément le rôle de l'astreinte que d'accompagner la décision rendue pour garantir son effectivité.

Je sollicite toujours une astreinte dès le prononcé du jugement principal, car cette mesure transforme radicalement le comportement du débiteur.

La perspective de voir s'accumuler une somme importante par jour de retard constitue généralement une motivation suffisante pour exécuter l'obligation.

Les conditions de mise en œuvre d'une astreinte

Qui peut être bénéficiaire de l'astreinte ?

Dans ma pratique, je représente aussi bien des particuliers que des entreprises qui sollicitent cette mesure pour faire valoir leurs droits.

Le créancier doit justifier d'une difficulté d'exécution ou d'une inexécution de l'obligation pour obtenir une astreinte.

Les types d'obligations concernées par l'astreinte (faire, ne pas faire, payer, restituer)

L'astreinte s'applique principalement aux obligations de faire ou de ne pas faire. Dans ma pratique d'avocat, je l'utilise régulièrement pour contraindre un débiteur à :

  • Exécuter une obligation de faire précise (remettre des documents comptables, effectuer des travaux, communiquer des informations)
  • S'abstenir d'un comportement (cesser une concurrence déloyale, arrêter des travaux non autorisés)
  • Restituer un bien ou une somme
  • Se conformer à une injonction judiciaire

Le prononcé de l'astreinte par le juge

La compétence du juge

Premièrement : le juge qui statue au fond peut assortir sa décision d'une astreinte pour en assurer l'exécution. Dans ce cas, il s'agit généralement d'une astreinte provisoire dont il a expressément réservé le pouvoir de liquider, modifier ou supprimer ultérieurement.

Deuxièmement : le juge de l'exécution, saisi spécifiquement de cette demande, peut ordonner une astreinte pour garantir l'exécution d'une décision rendue par un autre juge. 

Astreinte provisoire et astreinte définitive

La distinction entre astreinte provisoire et astreinte définitive structure toute ma pratique en la matière :

  • L'astreinte provisoire est prononcée lorsque le juge se réserve expressément le pouvoir d'en modifier le montant lors de la liquidation. Le juge fixe un taux par jour de retard, mais ce montant peut être modifié lors de sa liquidation en fonction de la conduite du débiteur, des difficultés rencontrées et des circonstances de l'affaire.
  • L'astreinte définitive, à l'inverse, est liquidée selon le taux fixé par le juge sans possibilité de modification. Son montant est déterminé de manière irrévocable dès le prononcé.

La liquidation de l'astreinte

Cette procédure permet de transformer l'astreinte en une créance liquide et exigible.

Pour obtenir la liquidation, je dois saisir le juge qui a ordonné l'astreinte ou, à défaut, le juge de l'exécution.

Ma demande doit préciser la date à partir de laquelle l'astreinte a commencé à courir, le nombre de jours de retard constatés, et le montant total réclamé compte tenu du taux fixé.

Le rôle du juge dans la liquidation

Pour une astreinte définitive, le juge procède à un calcul arithmétique simple : il multiplie le nombre de jours de retard par le taux fixé. Sa marge d'appréciation est très réduite.

Pour une astreinte provisoire, le juge dispose d'un véritable pouvoir d'appréciation. Il examine les circonstances de l'inexécution, les efforts accomplis par le débiteur, et les difficultés qui lui ont été adressee et des difficultes qu'il a effectivement rencontrées. Le montant de l'astreinte provisoire peut ainsi être modifié, parfois substantiellement, lors de sa liquidation.

La révision, suppression ou confirmation de l'astreinte

Le juge dispose de trois options lors de la liquidation d'une astreinte provisoire :

  • La confirmation : le montant de l'astreinte est liquidé selon le taux initial fixé. C'est le cas lorsque le débiteur n'a manifesté aucune bonne volonté et que son comportement justifie pleinement la sanction.
  • La révision : le juge modifie le montant à la hausse ou à la baisse. Dans les dossiers que je traite, il arrive que le juge réduise le montant lorsque le débiteur a tenté d'exécuter mais s'est heurté à des obstacles légitimes. À l'inverse, un comportement particulièrement dilatoire peut justifier une majoration.
  • La suppression : elle est supprimée lorsque le juge constate que l'inexécution provient entièrement d'une cause étrangère ou que le débiteur a accompli toutes les diligences possibles.

La prescription de l'astreinte

Bien que la loi ne fixe pas de délai précis, la jurisprudence considère que la demande doit être formulée dans un délai de dix ans à compter de la date à laquelle l'astreinte a cessé de courir. Au-delà, le créancier risque de voir sa demande rejetée.


En conclusion, l'astreinte constitue un mécanisme juridique que je considère indispensable dans l'arsenal des procédures civiles d'exécution.

Dans ma pratique quotidienne d'avocat, je constate que la simple menace d'une astreinte suffit souvent à débloquer des situations qui semblaient figées.

Pour toute question relative à l'application d'une astreinte dans votre situation spécifique, n'hésitez pas à me consulter sur la stratégie à adopter et les démarches à entreprendre.

Maître Guillaume PIERRE
Avocat au Barreau
Spécialiste en droit bancaire et procédures civiles d'exécution

Avocat Pierre

Je suis Maître Pierre, avocat en droit bancaire inscrit au barreau de Paris depuis 2003. Vous rencontrez une problématique et avez besoin d'aide ? Discutons-en.


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