La responsabilité de la banque

Blanchiment d’argent

En ma qualité d'avocat en droit bancaire, je suis régulièrement confronté aux problématiques liées au blanchiment d'argent. Ce phénomène, loin d'être une abstraction juridique, constitue un fléau économique et social dont les ramifications touchent l'ensemble de notre système financier.

Qu'est-ce que le blanchiment d'argent ?

Définition du blanchiment d'argent

Le blanchiment d'argent, ou blanchiment de capitaux, désigne l'ensemble des procédés utilisés pour dissimuler l'origine illicite de fonds afin de les faire apparaître comme provenant d'activités légales. Il s'agit, en substance, de transformer de l'argent "sale" en argent "propre", utilisable sans éveiller les soupçons des autorités.

Dans ma pratique, je constate que cette définition, apparemment simple, recouvre une réalité infiniment plus complexe. Le blanchiment constitue le pont indispensable entre l'activité criminelle et la jouissance paisible de ses fruits. Sans lui, les profits tirés du trafic de stupéfiants, de la corruption, de la fraude fiscale ou de toute autre infraction demeureraient difficilement exploitables.

Le cadre juridique français, issu notamment de l'article 324-1 du Code pénal, incrimine le blanchiment comme « le fait de faciliter, par tout moyen, la justification mensongère de l'origine des biens ou des revenus de l'auteur d'un crime ou d'un délit ayant procuré à celui-ci un profit direct ou indirect ». Cette définition extensive permet d'appréhender la plupart des comportements visant à occulter la provenance délictueuse de fonds.

Les trois étapes du blanchiment d'argent

Dans mes dossiers, j'observe que le processus de blanchiment s'articule généralement autour de trois phases distinctes, même si dans la pratique, ces étapes peuvent se chevaucher ou s'enchevêtrer.

Le placement : dissimuler l'origine des fonds

La première étape, appelée placement ou prélavage, constitue souvent le moment le plus délicat de l'opération. Il s'agit d'introduire les fonds illicites dans le système financier légal. Cette phase présente le risque maximal de détection, car les sommes en espèces issues d'activités criminelles doivent franchir la barrière des contrôles bancaires.

Les techniques de placement sont multiples : dépôts fractionnés en petites sommes pour éviter les seuils de déclaration, utilisation de prête-noms, achat de biens en espèces, ou encore conversion en devises étrangères. J'ai eu à traiter des affaires où des réseaux entiers de "schtroumpfs" effectuaient quotidiennement des dépôts modestes dans différentes agences bancaires, échappant ainsi aux radars des systèmes de détection automatique.

L'empilement (ou stratification) : brouiller les pistes

Une fois les fonds introduits dans le circuit bancaire, commence la phase d'empilement ou de stratification. L'objectif consiste à éloigner l'argent de sa source illicite par une série de transactions complexes destinées à brouiller la piste d'audit.

Cette étape mobilise fréquemment les paradis fiscaux, les sociétés écrans, les virements internationaux multiples et les conversions successives. J'ai vu des schémas où l'argent transitait par une dizaine de juridictions différentes, passant de comptes en comptes, de structures en structures, rendant pratiquement impossible la reconstitution du parcours initial.

Les instruments financiers sophistiqués – produits dérivés, trusts, fondations offshore – offrent des possibilités quasi infinies d'empilement. La digitalisation de la finance a démultiplié ces capacités, permettant des transactions instantanées à travers le monde entier.

L'intégration : réintroduire l'argent dans l'économie légale

La dernière phase, l'intégration, vise à réinjecter les fonds blanchis dans l'économie légale sous une apparence parfaitement licite. À ce stade, l'argent a traversé suffisamment de filtres pour que son origine criminelle soit devenue quasi indétectable.

L'intégration prend des formes variées : investissements immobiliers, acquisition d'entreprises légitimes, placements boursiers, ou encore achats d'œuvres d'art. Les fonds peuvent désormais être utilisés ouvertement, générer des revenus déclarés et imposés, conférant ainsi une respectabilité totale à leur détenteur.

Principales méthodes et techniques de blanchiment d'argent

Les techniques de blanchiment évoluent constamment pour contourner les dispositifs de détection, on distingue :

Le schtroumpfage (cuckoo smurfing)

Le schtroumpfage, dont le nom provient de la bande dessinée belge, consiste à utiliser de nombreux intermédiaires – les "schtroumpfs" – pour effectuer des dépôts ou des transferts de faible montant, restant sous les seuils de déclaration obligatoire. Chaque opération, prise isolément, n'éveille aucun soupçon, mais leur accumulation permet de blanchir des sommes considérables.

Utilisation d'entreprises générant des revenus en espèces

Les commerces fonctionnant principalement avec des espèces – restaurants, bars, salons de coiffure, stations de lavage automobile – demeurent des vecteurs privilégiés du blanchiment. La difficulté de vérifier l'exactitude du chiffre d'affaires déclaré permet de "gonfler" artificiellement les recettes pour justifier l'injection de fonds illicites.

Compensation et complicité bancaire

Certains établissements financiers, par négligence ou connivence, facilitent le blanchiment en fermant les yeux sur des opérations suspectes. Les scandales bancaires récents ont révélé l'ampleur de ces complicités, parfois organisées au plus haut niveau des institutions.

La compensation consiste à équilibrer des flux financiers entre différentes entités pour éviter les mouvements effectifs de fonds, rendant les transactions plus difficiles à tracer. Cette technique nécessite généralement la complicité active ou passive d'acteurs financiers.

Dépôts dans des pays complaisants

Les juridictions à faible régulation financière, communément appelées paradis fiscaux, jouent un rôle central dans les stratégies de blanchiment. Le secret bancaire, l'absence de coopération judiciaire internationale et la facilité de création de structures opaques en font des destinations privilégiées pour les capitaux douteux.

Abus de biens sociaux

L'utilisation abusive de structures sociétaires constitue une méthode fréquente de blanchiment. La création de sociétés fictives ou l'instrumentalisation de sociétés réelles pour justifier des mouvements de fonds permet de conférer une apparence de légitimité à des transactions illicites.

Les montages impliquant des facturations fictives, des prestations inexistantes ou des surfacturations systématiques permettent de transférer des fonds tout en générant une documentation apparemment régulière.

Achat de biens et services (immobilier, cartes de crédit, casinos, assurance-vie, crypto-actifs)

L'immobilier représente traditionnellement un secteur d'élection pour le blanchiment. Les transactions immobilières, portant sur des montants élevés et bénéficiant d'une certaine opacité, offrent d'excellentes opportunités de placement de fonds illicites. J'ai vu des acquisitions réalisées en espèces, via des sociétés écrans, ou encore avec des prix manifestement surévalués pour justifier l'origine des fonds.

L'assurance-vie, par sa flexibilité et ses avantages fiscaux, attire également les blanchisseurs. Les contrats peuvent être alimentés par des fonds illicites, puis les rachats partiels ou totaux génèrent des flux financiers justifiés.

Les crypto-actifs représentent une nouvelle frontière du blanchiment. Leur pseudo-anonymat, la rapidité des transactions et la difficulté de leur traçabilité en font des instruments particulièrement attractifs pour les criminels. Les échanges entre cryptomonnaies et monnaies traditionnelles offrent de multiples opportunités de dissimulation.

Prêts adossés et auto-prêts

Les prêts adossés constituent une technique sophistiquée où l'emprunteur utilise comme garantie des actifs qu'il détient lui-même, souvent à l'étranger. L'opération crée un flux financier apparemment légitime tout en permettant au bénéficiaire de disposer de ses propres fonds sous couvert d'un prêt bancaire.

Les auto-prêts, via des structures contrôlées, permettent de générer des mouvements de fonds entre entités liées, créant une apparence de transactions commerciales normales.

Blanchiment par le commerce

Le commerce international, avec ses flux complexes de marchandises et de paiements, offre d'innombrables possibilités de blanchiment. Les surfacturations ou sous-facturations d'importations ou d'exportations permettent de transférer des valeurs entre juridictions sous couvert d'opérations commerciales légitimes.

J'ai été confronté à des schémas où des marchandises inexistantes faisaient l'objet de factures parfaitement documentées, justifiant ainsi des transferts internationaux de plusieurs millions d'euros.

Blanchiment via les paiements pair-à-pair

Les plateformes de paiement entre particuliers, initialement conçues pour faciliter les transactions quotidiennes, sont détournées à des fins de blanchiment. La multiplication de petits paiements entre utilisateurs, la rapidité des transferts et la relative légèreté des contrôles en font des outils attractifs pour les criminels.

Blanchiment d'argent dans le sport

Le monde sportif n'échappe pas au blanchiment. Les transferts de joueurs, les paris sportifs, le sponsoring ou l'acquisition de clubs constituent autant de vecteurs possibles. Les montants colossaux en jeu dans le football professionnel, par exemple, et l'opacité de certaines transactions attirent naturellement les capitaux douteux.

J'ai suivi des affaires où des clubs sportifs servaient essentiellement de véhicules de blanchiment, avec des investissements manifestement disproportionnés par rapport à la réalité économique.

Les risques et les conséquences du blanchiment d'argent

Risques pour les entreprises et les individus

Les entreprises qui, volontairement ou par négligence, participent à des opérations de blanchiment s'exposent à des risques considérables. Au-delà des sanctions pénales, elles peuvent subir une atteinte irréversible à leur réputation, une perte de confiance de leurs partenaires commerciaux et bancaires, voire une exclusion du système financier international.

Pour les individus, les conséquences peuvent être dramatiques. J'ai accompagné des clients qui, par simple imprudence ou méconnaissance, s'étaient retrouvés impliqués dans des schémas de blanchiment sans en mesurer les implications. Les poursuites pénales, même lorsqu'elles aboutissent à un non-lieu ou une relaxe, laissent des traces durables et affectent profondément la vie personnelle et professionnelle.

Sanctions pénales et amendes

Le législateur français a progressivement durci l'arsenal répressif en matière de blanchiment. L'article 324-1 du Code pénal punit le blanchiment de cinq ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende. Ces peines peuvent être portées à dix ans d'emprisonnement et 750 000 euros d'amende lorsque le blanchiment est commis de façon habituelle ou en utilisant les facilités procurées par l'exercice d'une activité professionnelle.

La lutte contre le blanchiment d'argent (LCB-FT)

Dispositifs nationaux et internationaux

La lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LCB-FT) mobilise aujourd'hui des ressources considérables au niveau national et international. Cette mobilisation résulte d'une prise de conscience progressive de l'ampleur du phénomène et de ses conséquences systémiques.

En France, le dispositif s'articule autour de plusieurs acteurs clés : Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins), cellule de renseignement financier rattachée au ministère de l'Économie, joue un rôle central dans la détection et l'analyse des opérations suspectes.

Le rôle du GAFI (Groupe d'action financière)

Le Groupe d'action financière (GAFI), créé en 1989 lors du sommet du G7, constitue l'organisme intergouvernemental de référence en matière de lutte contre le blanchiment. Ses recommandations, régulièrement actualisées, définissent les standards internationaux que les États membres s'engagent à mettre en œuvre.

Le GAFI évalue périodiquement la conformité des dispositifs nationaux à ses recommandations et publie des listes de juridictions présentant des défaillances stratégiques. Ces évaluations exercent une pression considérable sur les États pour améliorer leurs dispositifs de lutte.

Les directives européennes (3e, 4e, 5e)

L'Union européenne a progressivement renforcé son cadre réglementaire à travers une succession de directives. La troisième directive (2005) a étendu le champ des professions assujetties et renforcé les obligations de vigilance. La quatrième directive (2015) a notamment introduit la notion de bénéficiaire effectif et créé des registres centraux des sociétés.

La cinquième directive (2018), que j'ai vu entrer en vigueur au cours de ma carrière, a étendu les obligations aux plateformes d'échange de crypto-actifs et renforcé la transparence sur les bénéficiaires effectifs. Une sixième directive est actuellement en cours de discussion, visant à harmoniser davantage les sanctions au niveau européen.

Les obligations légales pour les entreprises

Les professionnels assujettis – banques, assurances, agents immobiliers, notaires, avocats dans certaines de leurs activités, experts-comptables, casinos – doivent respecter un ensemble d'obligations strictes. Je conseille régulièrement mes clients sur la mise en conformité avec ces exigences.

L'obligation de vigilance constitue le socle du dispositif. Elle impose d'identifier et de vérifier l'identité des clients, de comprendre la nature et l'objet de la relation d'affaires, et d'exercer une surveillance continue des opérations. Cette vigilance doit être renforcée dans certaines situations à risque : clients établis dans des pays non coopératifs, personnes politiquement exposées, transactions complexes sans justification économique apparente.

L'obligation de déclaration impose de signaler à Tracfin toute opération portant sur des sommes dont on sait, soupçonne ou a de bonnes raisons de soupçonner qu'elles proviennent d'une infraction. Cette obligation s'accompagne d'une interdiction d'informer le client concerné, sous peine de sanctions pénales pour délit d'initié.

Les professionnels doivent également mettre en place une organisation interne adaptée : procédures de contrôle, formation du personnel, désignation d'un responsable de la conformité, conservation des documents pendant au moins cinq ans.

Les outils et logiciels de lutte anti-blanchiment

Les établissements financiers déploient aujourd'hui des systèmes informatiques sophistiqués pour détecter les opérations suspectes. Ces outils, fondés sur l'intelligence artificielle et l'analyse de données massives (big data), permettent d'identifier des schémas atypiques dans les flux de transactions.

Les logiciels de screening vérifient automatiquement l'identité des clients par rapport aux listes de sanctions internationales, de personnes politiquement exposées ou de personnes recherchées. Les systèmes de scoring évaluent le niveau de risque de chaque client et adaptent les mesures de vigilance en conséquence.

Malgré leur sophistication croissante, ces outils génèrent encore un nombre important de faux positifs, nécessitant une analyse humaine pour distinguer les véritables signaux d'alerte des anomalies bénignes.

La coopération internationale

Le blanchiment, par nature transnational, exige une coopération étroite entre juridictions. Les cellules de renseignement financier échangent des informations via le réseau du groupe Egmont, qui regroupe plus de 160 cellules nationales.

Les conventions internationales d'entraide judiciaire facilitent les investigations transfrontalières et l'exécution de commissions rogatoires internationales. Cependant, les différences de législations, les délais de réponse et les obstacles liés à la souveraineté nationale limitent encore l'efficacité de cette coopération.

Signes d'alerte et prévention du blanchiment d'argent

Identifier les signaux d'alerte

Mon expérience m'a appris à reconnaître certains indicateurs révélateurs d'opérations potentiellement suspectes. Un client refusant de fournir des documents d'identification complets, des opérations sans justification économique apparente, des structures de détention particulièrement complexes sans raison légitime, ou encore des transactions avec des juridictions à risque doivent attirer l'attention.

Les comportements atypiques constituent également des signaux : un client pressé de conclure une transaction sans négocier les conditions, des versements en espèces importants et répétés, des virements immédiatement suivis de retraits vers l'étranger, ou encore une activité soudainement très intense sur un compte jusqu'alors peu actif.

La réticence à communiquer l'identité du bénéficiaire effectif, les fréquents changements d'actionnaires ou de dirigeants, ou l'impossibilité de rencontrer physiquement les représentants d'une société constituent autant de drapeaux rouges.

Mettre en place des mesures de sécurité internes

Les entreprises doivent adopter une approche fondée sur les risques, concentrant leurs ressources sur les situations les plus dangereuses. Cette démarche implique de cartographier les risques spécifiques à leur activité, d'adapter leurs procédures en conséquence, et de réévaluer régulièrement cette analyse.

La formation du personnel constitue un élément crucial. Les collaborateurs en première ligne doivent être capables de reconnaître les signaux d'alerte et savoir comment réagir. J'insiste toujours auprès de mes clients sur l'importance d'une culture de conformité partagée par l'ensemble de l'organisation.

Les procédures de contrôle doivent prévoir des vérifications à plusieurs niveaux : contrôle de premier niveau par les opérationnels, contrôle de second niveau par les fonctions conformité et risques, et audits périodiques par des équipes indépendantes.

L'importance de la conformité LCB-FT

La conformité en matière de lutte contre le blanchiment ne constitue pas seulement une obligation légale, mais représente également un impératif de gestion des risques et de protection de la réputation. Les scandales récents ont montré que les manquements, même involontaires, peuvent avoir des conséquences désastreuses.

J'accompagne régulièrement des entreprises dans la mise en place ou l'amélioration de leur dispositif de conformité. Cette démarche doit être proportionnée à la taille de l'organisation et à la nature de ses activités, mais ne peut en aucun cas être négligée.

Solutions pour la transparence et la détection

La transparence constitue l'antidote le plus efficace contre le blanchiment. Les registres des bénéficiaires effectifs, accessibles aux autorités et dans certains cas au public, compliquent considérablement les montages opaques. La levée progressive du secret bancaire au profit de la coopération entre administrations fiscales réduit les espaces de dissimulation.

Les technologies blockchain, paradoxalement souvent associées au blanchiment via les cryptomonnaies, offrent également des perspectives intéressantes en termes de traçabilité des transactions. Leur caractère immuable et transparent pourrait, correctement exploité, contribuer à la lutte contre les flux illicites.

Blanchiment d'argent : pays à risque et enjeux géopolitiques

Certaines juridictions demeurent particulièrement exposées au blanchiment en raison de faiblesses structurelles de leur dispositif de lutte. Le GAFI publie régulièrement des listes de pays présentant des défaillances stratégiques, distinguant les juridictions faisant l'objet d'un suivi renforcé de celles appelant à des contre-mesures.

Les paradis fiscaux traditionnels – îles Caïmans, Îles Vierges britanniques, Panama – ont progressivement adapté leurs législations sous la pression internationale, mais conservent souvent des zones d'opacité. De nouvelles places offshore émergent régulièrement, exploitant les failles de la régulation internationale.

Les enjeux géopolitiques du blanchiment dépassent largement la seule dimension financière. Les flux illicites alimentent la corruption, fragilisent les institutions démocratiques, et financent parfois le terrorisme ou les conflits armés. La lutte contre le blanchiment s'inscrit ainsi dans une problématique plus large de gouvernance mondiale et de stabilité internationale.

Les puissances économiques utilisent également la lutte contre le blanchiment comme instrument de politique étrangère, les sanctions financières américaines ou européennes constituant des outils de pression redoutablement efficaces.

Questions fréquemment posées sur le blanchiment d'argent

Quelle est la différence entre blanchiment d'argent et évasion fiscale ?

Le blanchiment vise à dissimuler l'origine criminelle de fonds, tandis que l'évasion fiscale cherche à soustraire des revenus légitimes à l'impôt. Les deux phénomènes peuvent se combiner, mais répondent à des logiques distinctes et relèvent de régimes juridiques différents.

Comment les banques détectent-elles le blanchiment d'argent ?

Les établissements financiers utilisent une combinaison de systèmes informatiques automatisés, analysant en temps réel les transactions, et d'expertise humaine pour évaluer les situations atypiques. Les déclarations de soupçon reposent sur cette double analyse.

Quels montants déclenchent une obligation de déclaration ?

Contrairement à une idée reçue, aucun seuil monétaire ne déclenche automatiquement une déclaration de soupçon. C'est la nature suspecte de l'opération, indépendamment de son montant, qui fonde l'obligation de déclaration. Les professionnels doivent toutefois déclarer les paiements en espèces supérieurs à certains seuils.

Comment se protéger d'une accusation de blanchiment ?

La meilleure protection réside dans la traçabilité et la justification de l'origine de vos fonds. Conservez systématiquement les documents établissant la provenance légitime de vos revenus et patrimoine. En cas de doute, consultez un avocat spécialisé avant d'effectuer une opération inhabituelle.

Les cryptomonnaies facilitent-elles le blanchiment ?

Les cryptomonnaies présentent certaines caractéristiques attractives pour les blanchisseurs – rapidité, pseudo-anonymat, absence d'intermédiaire bancaire traditionnel – mais leur traçabilité sur la blockchain offre paradoxalement aux enquêteurs des outils d'investigation puissants. Les plateformes d'échange sérieuses appliquent désormais des obligations de vigilance comparables à celles des banques.

Que risque-t-on en prêtant son compte bancaire à quelqu'un ?

Prêter son compte bancaire constitue une imprudence majeure pouvant vous exposer à des poursuites pour blanchiment si le compte est utilisé à cette fin. Vous pourriez être considéré comme complice, même si vous ignoriez la destination finale des fonds. Cette pratique expose également à un fichage bancaire et à une interdiction bancaire.


Au terme de cette analyse, je souhaite insister sur un point essentiel : le blanchiment d'argent n'est pas une abstraction réservée aux grands criminels internationaux. Chaque professionnel, chaque entreprise peut se trouver, volontairement ou non, impliqué dans un schéma de blanchiment.

En tant qu'avocat spécialisé en droit bancaire, je reste à votre disposition pour vous accompagner dans la mise en conformité de votre dispositif de lutte contre le blanchiment, l'analyse de situations complexes, ou votre défense en cas de mise en cause.

Le blanchiment d'argent représente un défi majeur pour nos sociétés. Sa complexité croissante, l'ingéniosité des criminels et les opportunités offertes par la digitalisation exigent une vigilance constante et une adaptation permanente des dispositifs de lutte. Cette bataille, loin d'être perdue, nécessite l'engagement de tous les acteurs économiques pour préserver l'intégrité de notre système financier.

Maître Guillaume PIERRE
Avocat en droit bancaire

Avocat Pierre

Je suis Maître Pierre, avocat en droit bancaire inscrit au barreau de Paris depuis 2003. Vous rencontrez une problématique et avez besoin d'aide ? Discutons-en.


2 réponses à “Blanchiment d’argent”

  1. CHRISTIAN DELGRANGE dit :

    Bonjour,

    Suite à une demande de retrait sur les plateformes de trading THSYU et ExaCrypt ceux-ci dans le cadre de la lutte anti Blanchiment

    me réclame 5000 USDC pour vérifier le compte sachant qu’ils ont mon identité, adresse etc. Et cette serait récupérée par la suite

    Ma question est, ont-ils le droit???

    Sincères salutations

    • admin dit :

      non. cette “vérification LCB-FT” contre 5 000 USDC n’a pas de base légale pour un acteur autorisé.
      Un intermédiaire régulé doit vérifier votre identité et l’origine des fonds (KYC/LCB-FT), pas vous faire payer ni vous imposer un dépôt pour “débloquer” un retrait.
      C’est très probablement une arnaque par “frais anticipés”
      Cordialement

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *