La responsabilité de la banque

Virements réalisés avec retard et faute de la banque

En tant qu'avocat spécialisé en droit bancaire, je constate régulièrement que les virements tardifs peuvent entraîner des conséquences financières importantes pour mes clients. Virements réalisés avec retard et faute de la banque peuvent conduire à engager la responsabilité de l'établissement financier lorsque celui-ci ne respecte pas les délais d'exécution d'un ordre de virement, selon les articles du Code monétaire et financier.

Je vous propose un éclairage complet sur cette problématique et les recours à votre disposition, dans le cadre du droit bancaire.

Comprendre le délai d'un virement bancaire

Délais standards pour les virements SEPA

Les opérations SEPA (Single Euro Payments Area) concernent les transactions en euros au sein de l'Union européenne. En principe, ces opérations de virement doivent être réalisées dans un délai d'un jour ouvré suivant la réception de l'ordre.

Ce délai est encadré par l'article L. 133-13 du Code monétaire et financier, qui impose aux établissements bancaires une obligation de résultat quant à la mauvaise exécution des ordres de paiement. Le compte bancaire du bénéficiaire est crédité selon ces conditions, une fois le virement exécuté.

Virements internationaux : délais SWIFT

Pour le virement international hors zone SEPA, le système SWIFT est généralement utilisé. Les délais peuvent alors s'étendre de 2 à 5 jours ouvrés selon les pays concernés et les établissements bancaires intermédiaires. Ces délais plus longs s'expliquent par la multiplicité des vérifications et des intervenants dans la chaîne de paiement, conformément au Code.

Causes d'un retard de virement bancaire

Erreurs humaines ou système

Les erreurs de saisie, qu'elles proviennent du client ou de la banque, constituent une cause fréquente. Un IBAN incorrect ou incomplet peut bloquer l'opération plusieurs jours, et toute anomalie doit être signalée. Le débiteur doit vérifier les conditions de paiement. Aucune erreur ne doit être négligée lors de la saisie, au risque d'un refus.

Problèmes techniques ou maintenance

Les systèmes informatiques bancaires peuvent connaître des dysfonctionnements ou des périodes de maintenance qui retardent le traitement des virements. Toutefois, ces incidents techniques ne dégagent pas systématiquement la responsabilité de la banque dans le cadre de son obligation, selon le Code monétaire et financier.

Vérifications de sécurité accrues

Face aux risques de fraude et de blanchiment, les banques procèdent à des vérifications renforcées, notamment pour les montants importants. Si cette vigilance est légitime, elle ne doit pas conduire à des délais excessifs et le donneur d'ordre doit être informé. En l'absence de réponse, la demande peut être bloquée. Aucune vérification ne justifie un délai excessif non motivé, ce qui a été confirmé par la Cour de cassation.

Jour de l'envoi et jours ouvrés

Un virement effectué un vendredi soir ou la veille d'un jour férié ne sera traité qu'au jour ouvré suivant. Il convient de prendre en compte ces délais incompressibles lors de la programmation d'un virement, savoir anticiper étant essentiel pour éviter tout désagrément.

Quand la banque est-elle responsable d'un retard de virement ?

La faute du banquier : définition et cas

La jurisprudence a eu l'occasion de préciser les contours de la responsabilité bancaire en matière de virement. Un arrêt de la Cour d'appel de Lyon du 16 mai 2023 illustre parfaitement cette problématique. Dans cette affaire, des clients avaient donné l'ordre de virer 600000 euros le 26 août 2017, mais l'opération n'avait été exécutée que le 18 octobre 2017, soit près de deux mois plus tard.

La cour d'appel a considéré que ce délai anormalement long constituait une faute, d'autant que la banque n'avait pas informé ses clients de la mise en attente de l'opération.

Bien que l'établissement ait tenté de vérifier l'authenticité de l'ordre par téléphone le 31 août, il avait ensuite manqué à ses obligations en n'essayant pas de recontacter les clients par d'autres moyens dans les jours suivants.

Cette décision fait jurisprudence en droit bancaire. La Cour de cassation a confirmé ce principe de responsabilité dans plusieurs arrêts.

Obligation de résultat et devoir de vigilance

La banque est soumise à une obligation de résultat concernant l'exécution des ordres de virement dans les délais légaux, conformément au Code monétaire et financier.

Cependant, elle doit également exercer un devoir de vigilance, particulièrement pour les montants élevés. L'équilibre entre ces deux obligations est délicat : la vigilance ne peut justifier un refus ou un délai excessif et injustifié. Le principe de bonne foi s'applique aux opérations bancaires, selon les articles en vigueur.

Manquement au devoir de conseil et d'information

Au-delà de l'exécution du virement, la banque a l'obligation d'informer son client en cas de difficulté. Dans l'arrêt précité, la cour d'appel a notamment reproché à la banque de ne pas avoir informé ses clients de la mise en attente de l'opération. Ce silence constitue un manquement contractuel distinct, et peut être considéré comme un défaut d'information, selon les articles du Code.

Que faire en cas de retard de virement imputable à la banque ?

Première étape : contacter sa banque

Dès que vous constatez un délai anormal, prenez contact avec votre conseiller bancaire pour obtenir des explications. Cette démarche permet souvent de débloquer la situation rapidement, et toute hésitation doit être levée. Le titulaire du compte a le droit de savoir où en est le transfert de fonds. Aucune opération ne doit rester sans suivi, et il existe des recours en cas de non-exécution.

Rassembler les preuves : relevés, courriels

Constituez un dossier comprenant l'ordre de virement initial, vos relevés bancaires, tous les échanges de courriels ou courriers avec la banque, et tout document attestant du préjudice subi.

Dans l'affaire jugée par la Cour d'appel de Lyon, les clients avaient pu démontrer qu'ils avaient subi une majoration de 10 % de leur impôt sur le revenu en raison du virement tardif. La Cour de cassation a établi le principe selon lequel le préjudice doit être prouvé, ce qui a été fait en l'espèce.

Formaliser une réclamation écrite

Adressez une réclamation écrite et circonstanciée à votre banque par lettre recommandée avec accusé de réception. Exposez les faits, précisez le préjudice subi et demandez une indemnisation. La banque dispose légalement d'un délai de deux mois pour répondre selon le Code monétaire et financier, en l'absence de quoi vous pouvez saisir le médiateur.

Recours en cas de retard de virement et faute du banquier

Saisir le médiateur bancaire

Si la réponse de la banque ne vous satisfait pas ou si elle reste silencieuse, vous pouvez saisir le médiateur bancaire. Cette procédure gratuite et relativement rapide permet souvent de trouver une solution amiable. Les coordonnées du médiateur figurent sur les documents contractuels de votre banque, et il est essentiel de les conserver. Le médiateur examine la demande dans le cadre du droit applicable, en ligne avec les articles du Code.

Engager une procédure judiciaire

En l'absence de solution amiable, vous pouvez engager une action en justice. Selon le montant du litige, vous saisirez le tribunal judiciaire. En ma qualité d'avocat en droit bancaire, je recommande de se faire assister par un professionnel pour maximiser vos chances d'obtenir gain de cause. Un cabinet spécialisé peut vous accompagner dans ces démarches juridiques. L'avocat défendra vos intérêts contre la société bancaire, en tenant compte de la loi applicable.

Dommages et intérêts pour préjudice subi

Comme l'illustre la jurisprudence, le préjudice peut prendre différentes formes : pénalités, majorations fiscales, perte d'opportunité commerciale, ou encore préjudice moral. Dans l'affaire de 2023, les clients ont obtenu réparation de la majoration fiscale de 10 % qu'ils avaient subie du fait du virement tardif, la Cour de cassation ayant déjà statué sur des cas similaires. Le montant des dommages et intérêts dépend du préjudice démontré. Le client peut obtenir réparation contre la banque responsable, selon la décision rendue.

Les cas spécifiques de retard de virement

Virements vers des comptes bloqués

Lorsque le compte bénéficiaire fait l'objet d'une mesure de blocage, saisie ou gel des avoirs par un tiers, le virement ne peut être exécuté normalement. La banque émettrice doit en informer son client rapidement, dans le cadre de ses obligations. Le transfert de fonds est alors suspendu jusqu'à décision de justice, ce qui peut donner lieu à une opposition formelle.

Virements suite à une succession ou un décès

Les opérations de virement liées à une succession nécessitent des justificatifs particuliers et peuvent légitimement prendre plus de temps. Néanmoins, la banque doit communiquer clairement sur les délais et les documents nécessaires, et toute condition doit être précisée. Le titulaire du compte décédé ne peut plus recevoir de fonds, sauf décision contraire. La société bancaire doit respecter les droits des héritiers, conformément aux articles du Code.

Virements en cas de procédure collective

Si le bénéficiaire du virement fait l'objet d'une procédure collective, redressement ou liquidation judiciaire, des vérifications supplémentaires sont nécessaires. Ces situations justifient un délai d'exécution plus long, à condition que le client en soit informé et que le Code monétaire soit respecté. L'entreprise concernée voit ses opérations bancaires contrôlées. Le montant du virement peut être soumis à l'accord des tiers créanciers, selon les conditions juridiques applicables.

La responsabilité de la banque en cas de fraude liée à un virement tardif

Devoir de vigilance et détection des fraudes

Les banques ont développé des systèmes de détection des fraudes de plus en plus sophistiqués.

Un virement inhabituellement élevé ou destiné à un pays à risque peut légitimement faire l'objet de vérifications.

Toutefois, la jurisprudence de longue date exige de la rapidité dans l'exécution des ordres de virement, comme l'a rappelé la Cour d'appel de Toulouse dans un arrêt du 25 septembre 2013, et la Cour de cassation a confirmé cette position.

Un ordre frauduleux doit être détecté sans délai excessif. Aucune vérification ne doit retarder indûment le paiement, sauf en cas de soupçon légitime.

Remboursement en cas d'arnaque ou de fraude

Si un délai permet de détecter et d'empêcher une fraude, la banque a rempli son devoir de protection.

À l'inverse, si le délai favorise la réalisation d'une fraude ou aggrave ses conséquences, la responsabilité de l'établissement peut être recherchée, notamment par le donneur d'ordre. Le remboursement des fonds peut être demandé si la banque est responsable.

Un virement frauduleux doit donner lieu au remboursement selon les conditions légales. L'article du Code monétaire et financier protège le client contre les opérations frauduleuses, et la banque est tenue de rembourser en cas de manquement.

Prévenir les retards de virement : bonnes pratiques

Utiliser le virement instantané lorsque possible

Le virement instantané SEPA permet un transfert de fonds en quelques secondes, 24h/24 et 7j/7, moyennant parfois des frais supplémentaires.

Pour les opérations urgentes, cette solution élimine le risque, et le Code monétaire encadre ces pratiques. Le paiement est exécuté immédiatement, en ligne avec les articles en vigueur. Les frais bancaires restent modérés pour ce type d'opération.

Vérifier les informations du bénéficiaire

Avant de valider un virement, vérifiez soigneusement l'IBAN et le nom du bénéficiaire. Une erreur dans ces données est la première cause de refus de virement, et toute négligence doit être évitée.

Le compte bancaire doit correspondre exactement aux informations fournies. Le refus d'un ordre de virement peut entraîner des frais supplémentaires, selon les conditions tarifaires de la banque.

Anticiper les virements importants

Pour les montants significatifs, je conseille à mes clients de prévenir leur banque en amont.

Cette communication permet d'éviter les blocages pour vérification et d'assurer une exécution dans les délais. N'hésitez pas à demander une confirmation écrite de la date de valeur prévue, conformément aux articles du Code monétaire et financier.

Le donneur d'ordre a intérêt à anticiper les opérations importantes, à savoir les paiements de plus de 10 000 euros. La date de valeur doit être confirmée par écrit, ce qui constitue une pratique recommandée.


Maître Guillaume PIERRE
Avocat en droit bancaire

En conclusion, si vous êtes confronté à un virement tardif imputable à votre banque, sachez que la jurisprudence vous offre des recours effectifs.

L'établissement bancaire ne peut se retrancher derrière de simples vérifications pour justifier un délai excessif, et il doit impérativement vous tenir informé en cas de difficulté.

N'hésitez pas à faire valoir vos droits et à solliciter l'accompagnement d'un avocat pour défendre vos intérêts, car la Cour de cassation a établi des principes clairs en la matière.

Le principe de responsabilité bancaire protège le client contre toute mauvaise exécution de l'ordre de paiement, selon les articles du Code.

Avocat Pierre

Je suis Maître Pierre, avocat en droit bancaire inscrit au barreau de Paris depuis 2003. Vous rencontrez une problématique et avez besoin d'aide ? Discutons-en.


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