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Comment emprunter avec un cancer ? Vos solutions pour un prêt immobilier ou à la consommation

Comment emprunter avec un cancer : la maladie ne doit pas être un obstacle insurmontable à vos projets immobiliers ou personnels.

En tant qu'avocat spécialisé en droit bancaire, je constate quotidiennement les difficultés rencontrées par les personnes atteintes d'un cancer qui souhaitent emprunter. À travers cet article, je vous explique vos droits et les solutions concrètes pour obtenir un prêt malgré cette épreuve.

Comprendre l'impact d'un cancer sur l'accès à l'emprunt

Lorsqu'un cancer est diagnostiqué, l'accès au crédit immobilier ou au prêt devient naturellement plus complexe.

Les banques considèrent cette pathologie comme un risque, ce qui peut entraîner un refus d'assurance de prêt, voire de financement. L'assurance emprunteur constitue en effet une garantie indispensable pour les établissements prêteurs.

Le véritable enjeu réside dans l'assurance de prêt immobilier. Sans cette protection couvrant les risques de décès et parfois d'incapacité de travail, obtenir un crédit devient extrêmement difficile.

La banque cherche à se protéger contre le risque de non-remboursement, et votre situation médicale entre directement dans cette évaluation. L'assurance emprunteur joue ici un rôle central.

Il est essentiel de savoir que votre situation n'est pas désespérée. Des dispositifs légaux existent pour faciliter l'accès à l'assurance et, par conséquent, au prêt. La transparence reste votre meilleure alliée : mentionner honnêtement votre maladie vous permet d'activer ces mécanismes protecteurs.

La convention AERAS : une aide essentielle pour les emprunteurs avec un risque de santé

Qu'est-ce que la convention AERAS et comment fonctionne-t-elle ?

La convention AERAS (s'Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé) représente un accord entre l'État, les banques, les assureurs et les associations de malades.

Ce dispositif a été conçu pour faciliter l'accès à l'assurance emprunteur des personnes présentant un risque de santé, notamment les questions de santé.

La convention prévoit un examen de votre demande d'assurance à trois niveaux successifs :

  • Au premier niveau, votre dossier est étudié selon les critères standard. En cas de refus, il passe automatiquement
  • au deuxième niveau, où des médecins spécialisés analysent votre situation médicale. Si ce deuxième examen n'aboutit pas,
  • un troisième niveau fait intervenir un pool d'assureurs partenaires qui proposent des solutions adaptées, tenant compte de votre santé.

Ce mécanisme gradué garantit que votre demande ne soit pas rejetée sans avoir été examinée en profondeur.

Chaque niveau mobilise une expertise accrue pour trouver une solution d'assurance, même si celle-ci peut comporter des surprimes ou des exclusions de garantie.

Qui peut bénéficier de la convention AERAS ?

Ce dispositif concerne les emprunteurs sous certaines conditions précises.

Vous pouvez en bénéficier si le montant de votre prêt immobilier n'excède pas 420000 euros et si le contrat prend fin avant votre 71e anniversaire.

Pour un crédit à la consommation, le plafond est fixé à 20000 euros avec une durée de remboursement maximale de quatre ans.

Toute personne présentant un risque de santé peut activer ce dispositif, qu'il s'agisse d'un cancer, d'une pathologie chronique ou de toute autre maladie impactant l'évaluation par l'assureur.

Aucune liste restrictive de pathologies n'est établie : c'est votre situation médicale globale qui détermine son application.

Il n'existe aucune contrainte de passer par un organisme spécifique. Tous les contrats d'assurance emprunteur, qu'ils soient proposés par votre banque ou par un assureur externe dans le cadre d'une délégation d'assurance, doivent respecter les principes AERAS.

Les démarches pour activer la convention AERAS

L'activation ne nécessite aucune procédure particulière de votre part. Dès lors que vous remplissez le questionnaire et que votre situation révèle un risque de santé, le dispositif s'applique automatiquement.

Votre dossier suit alors le processus d'examen à trois niveaux que j'ai décrit précédemment.

Votre rôle consiste à fournir des informations complètes et exactes sur votre situation médicale. Plus votre dossier sera documenté, meilleures seront vos chances d'obtenir une réponse favorable.

En cas de refus malgré le passage par les trois niveaux, vous disposez d'un recours.

La Commission de médiation peut examiner votre dossier et formuler un avis.

Le droit à l'oubli : une avancée majeure pour les anciens malades

Qu'est-ce que le droit à l'oubli ?

Le droit à l'oubli constitue une révolution pour les personnes ayant vécu un cancer.

Ce mécanisme vous permet, sous certaines conditions, de ne pas mentionner votre ancienne maladie lors de la souscription d'une assurance de prêt.

Concrètement, après un certain temps sans rechute, votre cancer n'a plus à être mentionné dans le questionnaire.

Cette disposition repose sur un principe simple : passé un certain temps, le risque lié à votre pathologie devient comparable à celui de la population générale. Il serait donc injuste de continuer à vous appliquer des surprimes ou des exclusions de garantie. Le droit à l'oubli rétablit une égalité de traitement avec les emprunteurs n'ayant jamais eu de maladie.

L'application de ce droit dépend d'une grille de référence établie par la convention. Cette grille, régulièrement mise à jour, liste les pathologies concernées et les délais à respecter.

Pour le cancer, les conditions ont considérablement évolué ces dernières années grâce aux avancées législatives.

Comment bénéficier du droit à l'oubli après un cancer ?

Pour bénéficier du droit à l'oubli concernant votre cancer, certaines conditions doivent être réunies. Le temps à observer dépend de l'âge auquel vous avez diagnostiqué et du type de pathologie. La grille de référence AERAS détaille précisément ces éléments pour chaque forme de cancer.

Vous devez pouvoir justifier de la fin du traitement depuis le temps requis, sans rechute constatée. Les examens médicaux de contrôle et les attestations de votre oncologue constituent les preuves nécessaires. Il est essentiel de conserver soigneusement tous ces documents, car ils vous seront demandés au moment de votre demande.

Le calcul du temps débute à compter de la fin du traitement, non de la date du diagnostic initial.

Cette distinction a son importance : si vous avez subi des traitements prolongés, le point de départ sera reporté d'autant. Soyez vigilant sur cette date lorsque vous estimez pouvoir bénéficier de ce droit.

La loi Lemoine et le droit à l'oubli

La réforme de 2022 a considérablement amélioré le droit à l'oubli. Désormais, le temps pour ne plus avoir à mentionner un cancer est de cinq ans après la fin du traitement, sans condition d'âge au moment du diagnostic. Auparavant, ce temps était de dix ans, avec des conditions plus restrictives.

Cette évolution législative représente une avancée majeure dont j'ai pu mesurer l'impact concret auprès de mes clients. Des personnes qui se voyaient systématiquement refuser une assurance peuvent aujourd'hui emprunter dans des conditions normales, sans surprime ni exclusion de garantie liée à leur ancien cancer.

Cette réforme a également supprimé la nécessité de remplir un questionnaire pour les prêts immobiliers dont le montant est inférieur ou égal à 200 000 euros par emprunteur et dont le remboursement intervient avant le 60e anniversaire de l'assuré. Cette mesure facilite encore davantage l'accès à l'assurance pour les personnes ayant des problèmes de santé.

L'assurance emprunteur avec un cancer : options et procédures

Le questionnaire : comment le remplir après un cancer ?

Remplir un questionnaire lorsqu'on a eu un cancer nécessite rigueur et honnêteté. Chaque question doit recevoir une réponse précise et complète. Toute fausse déclaration, même involontaire, peut entraîner la nullité du contrat d'assurance et vous priver de garanties au moment où vous en auriez le plus besoin.

Le questionnaire comporte généralement des questions sur vos antécédents pathologiques, les traitements suivis, les hospitalisations et votre situation actuelle. Concernant votre cancer, vous devrez indiquer la nature exacte de la pathologie, la date du diagnostic, les traitements reçus, la date et les contrôles récents. Les problèmes de santé doivent être déclarés avec précision.

Je vous conseille de préparer ces éléments en amont, en collaboration avec votre médecin traitant ou votre oncologue. Un certificat médical détaillé, joint au questionnaire, permet souvent d'accélérer l'instruction de votre dossier. N'omettez aucun élément, même si vous pensez qu'il pourrait nuire : la transparence joue toujours en votre faveur.

Les surprimes et exclusions de garantie : ce qu'il faut savoir

Face à un risque de santé, l'assureur dispose de plusieurs options. Il peut vous couvrir moyennant une surprime, c'est-à-dire un tarif supérieur au tarif habituel. Cette surprime reflète le risque supplémentaire que représente votre situation médicale. Son montant varie selon la gravité de votre pathologie et le temps écoulé depuis la fin des traitements.

L'assureur peut également proposer une couverture en appliquant des exclusions de garantie. Ces exclusions signifient que certains risques liés à votre cancer ne seront pas couverts. Par exemple, l'exclusion peut porter sur les garanties décès en cas de rechute de votre pathologie. Ces limitations doivent être clairement mentionnées dans le contrat d'assurance.

Dans le cadre AERAS, un plafonnement des surprimes existe pour protéger les emprunteurs. Si votre prêt immobilier respecte certaines conditions de montant et de durée, et si vos revenus sont inférieurs à un plafond défini, la surprime ne peut excéder 1,4 point de pourcentage du taux annuel effectif global de votre crédit. Cette mesure évite que le coût de l'assurance ne rende votre projet irréalisable.

Que faire en cas de refus d'assurance emprunteur ?

Un refus ne signifie pas la fin de votre projet. Plusieurs recours s'offrent à vous. D'abord, vérifiez que votre dossier a bien été examiné selon AERAS et qu'il est passé par les trois niveaux d'étude. Si ce n'est pas le cas, demandez explicitement l'application de ce dispositif.

Vous pouvez ensuite faire appel à la Commission de médiation. Cette instance indépendante examine les litiges entre emprunteurs et assureurs. Son avis, bien que non contraignant, possède un poids moral significatif et conduit souvent à un réexamen favorable de votre situation.

En parallèle, je vous recommande de solliciter plusieurs assureurs en délégation d'assurance. Chaque compagnie applique ses propres conditions d'acceptation et ses grilles tarifaires.

Emprunter pendant ou après un cancer : vos droits et solutions

Cancer en cours de prêt : impact sur votre remboursement

Si votre cancer est diagnostiqué alors que vous remboursez déjà un crédit, votre assurance emprunteur doit normalement prendre le relais selon les garanties souscrites. L'assurance peut couvrir vos échéances en cas d'incapacité de travail ou de décès, selon les clauses de votre contrat.

Contactez immédiatement votre assureur pour signaler votre maladie et connaître l'étendue de votre couverture. Les garanties incapacité temporaire de travail (ITT) sont particulièrement importantes dans cette situation. Elles permettent la prise en charge totale ou partielle de vos mensualités pendant la durée de votre arrêt de travail.

Attention aux délais de franchise et aux clauses d'application des garanties. Certains contrats prévoient un temps avant que la prise en charge ne débute, ou des exclusions pour certaines pathologies. Lisez attentivement vos conditions générales et n'hésitez pas à solliciter mes conseils si vous rencontrez des difficultés avec votre assureur pour faire valoir vos droits.

Questions fréquentes sur l'emprunt avec un cancer

Est-il possible d'obtenir un prêt si j'ai un cancer ?

Oui, il est tout à fait possible d'obtenir un prêt si vous avez ou avez eu un cancer. Les dispositifs légaux comme le mécanisme AERAS et le droit à l'oubli ont été créés précisément pour faciliter votre accès au crédit. Certes, vous pourriez faire face à des surprimes ou à des exclusions de garantie, mais un refus systématique n'est plus la norme.

Votre situation individuelle détermine les modalités d'accès au prêt. Le type de cancer, le stade de la maladie, les traitements reçus, le temps écoulé depuis la fin du traitement et l'absence de rechute sont autant de facteurs pris en compte. Plus votre cancer est ancien et votre guérison consolidée, meilleures sont vos possibilités. L'assurance de prêt sera adaptée à votre profil de santé.

Dois-je déclarer mon cancer à mon assureur ?

Oui, vous devez mentionner votre cancer lorsque vous remplissez le questionnaire, sauf si vous bénéficiez du droit à l'oubli. La déclaration de votre situation médicale constitue une exigence légale. Omettre volontairement des éléments médicaux significatifs expose votre contrat d'assurance à la nullité pour fausse déclaration.

Cette transparence peut sembler contraire à vos intérêts immédiats, mais elle vous protège en réalité. Si vous dissimulez votre cancer et qu'un sinistre survient, l'assureur peut refuser toute prise en charge après avoir mené son enquête médicale. Vous vous retrouveriez alors sans protection au moment où vous en avez le plus besoin, avec un crédit à rembourser intégralement.

La réforme récente a néanmoins limité cette exigence pour certains prêts. Si votre crédit immobilier est inférieur ou égal à 200 000 euros par emprunteur et se termine avant votre 60e anniversaire, aucun questionnaire ne vous sera demandé. Dans ce cas précis, vous n'avez pas à mentionner votre pathologie.

Que se passe-t-il si mon cancer est diagnostiqué après la souscription du prêt ?

Si votre cancer est diagnostiqué après avoir souscrit votre prêt et votre assurance emprunteur, celle-ci doit jouer pleinement son rôle protecteur. Vous devez signaler votre maladie à votre assureur dans les temps prévus par votre contrat, généralement quelques jours après le diagnostic ou l'arrêt de travail.

Selon les garanties que vous avez souscrites, l'assurance peut prendre en charge vos mensualités de crédit en cas d'incapacité de travail. La garantie ITT (Incapacité Temporaire de Travail) intervient si vous êtes en arrêt maladie. Votre santé est ainsi protégée financièrement.

Veillez à respecter scrupuleusement les procédures de déclaration et à fournir tous les justificatifs médicaux demandés. Tout retard ou information manquante peut retarder la prise en charge. Si votre assureur refuse indûment d'appliquer les garanties, n'hésitez pas à faire valoir vos droits, au besoin avec l'assistance d'un avocat spécialisé.

Quelles sont les assurances emprunteur les plus adaptées ?

Les assurances les plus adaptées à votre situation sont celles proposées par les organismes spécialisés dans les risques de santé. Ces assureurs ont développé une expertise particulière dans l'évaluation des pathologies comme le cancer et proposent généralement des modalités plus favorables que les contrats groupe standardisés des banques. L'assurance de prêt adaptée à votre santé est essentielle.

Je recommande systématiquement à mes clients de comparer plusieurs offres en délégation d'assurance avant de valider le contrat groupe de leur banque. Les écarts de tarif et de garanties peuvent être considérables. Vous êtes autorisé à substituer l'assurance de votre banque par une assurance externe, à condition que les garanties soient au moins équivalentes.

Conseils pour maximiser vos chances d'obtenir un prêt

Faire appel à un courtier spécialisé

Le recours à un courtier spécialisé représente souvent un investissement rentable. Ces professionnels connaissent parfaitement les assureurs susceptibles de valider votre profil et les arguments à mettre en avant pour optimiser votre dossier. Leur expertise vous fait gagner un temps précieux et augmente significativement vos chances de succès.

Un bon courtier ne se contente pas de transmettre votre dossier à plusieurs assureurs. Il l'analyse, identifie les points forts à valoriser et les éventuelles faiblesses à compenser. Il vous conseille sur les documents médicaux à produire et peut solliciter des éléments complémentaires auprès de vos médecins pour renforcer votre demande d'assurance de prêt. Votre santé est évaluée de manière optimale.

Constituer un dossier médical complet et à jour

Un dossier complet et parfaitement à jour constitue votre meilleur atout pour obtenir de bonnes conditions d'assurance de prêt. Rassemblez tous les comptes rendus d'hospitalisation, les examens récents, les courriers de vos spécialistes et l'attestation. Ces documents permettent à l'assureur d'évaluer précisément votre situation sans avoir à demander des éléments complémentaires. Votre santé est ainsi documentée rigoureusement.

Demandez à votre oncologue ou à votre médecin traitant de rédiger un certificat de synthèse. Ce document récapitule votre parcours de soins, le traitement reçu, votre situation actuelle et votre pronostic. Un certificat clair et détaillé peut faire la différence entre une acceptation avec surprime modérée et une surprime excessive.

N'hésitez pas à faire valoir vos droits si vous estimez être victime d'une discrimination ou d'un refus injustifié. La maladie ne doit pas vous priver de vos projets de vie. Avec une préparation rigoureuse, une connaissance précise de vos droits et l'assistance de professionnels compétents, emprunter avec un cancer est non seulement possible, mais de plus en plus accessible. L'assurance emprunteur évolue favorablement pour les personnes ayant des problèmes de santé.

Maître Guillaume PIERRE
Avocat en droit bancaire

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Avocat Pierre

Je suis Maître Pierre, avocat en droit bancaire inscrit au barreau de Paris depuis 2003. Vous rencontrez une problématique et avez besoin d'aide ? Discutons-en.


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